Je suis entrée dans l'atelier, comme bien souvent avec l'idée de trouver un outil pour bricoler un truc.
En l'occurence, ce jour là, je cherchais un aspirateur car le gros du salon n'aspirait plus et je venais d'imprégner généreusement les tapis d'un produit sensé nettoyer en profondeur les fibres de ces dits tapis.
De fait, j'avais récupéré le tapis d'une des chambres, abandonné sur place lors du premier déménagement, complètement élimé mais dont les couleurs me plaisaient beaucoup, des notes de bleu qui iraient très bien avec le bureau pour Challain. En plus de celui-ci, j'avais récupéré un autre aux tons marron, pas très grand et aussi laissé pour compte, sans grande valeur, et 2 bouts de tapis, également dans les tons bruns, que je voyais très bien pour recouvrir le cuir usé de l'assise du canapé. Les autres tapis étaient roulés et attendaient de partir pour Amiens si je ne me trompe pas. Bref, il me fallait brosser et aspirer ceux que j'avais si généreusement aspergés et malheureusement je n'arrivais pas à mettre la main sur l'aspirateur de l'étage, un Nilfisk, certes vieux mais encore bien actif, et, comme je le disais plus haut, j'avais constaté que celui du salon n'aspirait plus.
Il me fallait donc impérativement trouver un autre aspirateur et, quoi de plus naturel dans cette maison familiale, que de se diriger vers l'atelier à la recherche du "truc", quel qu'il soit, derrière notre père?
Mais, aujourd'hui, j'étais seule, personne à qui demander.
J'ai donc pris la direction de l'atelier, précédée de Hiemsal.
La porte de l'atelier se trouve derrière la haie taillée, sur la gauche. Sur la droite, le long de la haie, il y avait la maison d'été de Gené d'Angers, la tortue que nous avions récupérée sur une route de campagne il y a déjà de nombreuses années (je dirais pas loin de 12 ans).
Alors que nous nous dirigeons vers l'atelier, je n'ai aucune inquiètude pour Hiemsal, car je sais que Genée d'Angers n'est plus là. Les parents lui ont trouvé une famille pour veiller sur elle car ils ne pouvaient l'emmener. Moi, j'aurais bien voulu la garder mais elle course mes Messieurs pour les pincer et eux, lui aboient dessus avec l'envie de lui faire son affaire et je sais qu'il en aurait été de même pour Hiemsal.Pour l'heure Gené n'étant plus là, je le laisse me précèder vers l'atelier sans inquiètude car il n'y a plus de risque.
J'ouvre la porte...
Combien de fois suis-je entrée dans cet atelier? Souvent, très souvent même, ne serait-ce que pour me rendre dans le garage.
Cet atelier c'est, dans la maison, le lieu réservé à notre père. C'est son atelier, son espace, son coin, ses secrets, ses expos comme je le réalise ce jour -là - comment avais-je fait pour ne rien voir?- C'est un endroit qui fait bander les bricoleurs de tout genre, féminin ou masculin, peu ses senfants je dois l'avouer. La jeune femme qui m'a aidée pour le déménagement, elle, connaissait la valeur de cet endroit et je crois bien qu'il la faisait rêver.
Déroulons ...
Les choses se mettent en place.
C'est un capharnaüm au premier abord.
Je m'arrête et mon regard se pose.
Chaque chose à sa place, la référence ou numéro est noté, quelque fois c'est la forme de l'outil.
Les boites disent ce qu'elles contiennent.
Dans le garage derrière, il y a un motoculteur, une tronçonneuse et d'autres outils ou matériels pour bricoleur averti... ils sont tous orphelins d'un père qui a rejoint la ville, loin de son atelier.
Et puis il y a les expositions d'objets, d'outils...
La lumière difuse,
Moment de tendresse,
regard sur ce qui se termine, objets déjà figés par les fils du temps...
Je referme doucement la porte non sans un dernier regard.
Retour vers la maison.